Les premières journées passent à découvrir la société, les branlots et la faune des bureaux
environnants et à bosser Visual C++. En fin de semaine, Alexandre vient vous voir pour vous
dire qu'il a une piste à Canal+ pour vous, ce serait génial non ? Lui, ça le fait bander des
missions pareilles. Faudrait se mettre à la méthodologie UML et se documenter sur le pascal.
Le lundi, Maurice vient vous voir et vous dit de bosser le java, il y a plein de demandes dans
ce domaine, ce serait bien de faire un pôle de compétence java à Intox, faut bosser là dedans.
Le lendemain, André vient vous demander si ça vous intéresse le temps réel. Il vous explique
que c'est génial et rigolo par A+B. Faut se remettre au C. Vous savez plus trop quoi bosser,
vous allez demander des éclaircissements au chef : Pierre Rance. Il vous dit de bosser une
heure par jour le C, une heure par jour l'UML et le reste du temps Visual C++. Java, on laisse
tomber. Il vous comprend, c'est pas évident. Avant de repartir il vous lance : « Tiens au fait, tu
as déjà fait du Matlab ? » (...)
Au bout de 2 ou 3 semaines, toujours pas d'entretien en vue. Officiellement, les chefs ne te
trouvent pas assez mûr. Officieusement, ils ne trouvent pas de missions pour toi, c'est tout. Et
puis d'un coup quand même, un entretien déboule pour un grand compte industriel. Un boulot
que vous ne vouliez pas faire. Classique. On vous explique que ce sera une mission courte, et
puis ce sera intéressant, formateur, une première expérience... Et puis d'aller à l'entretien
n'engage à rien... Cela permet de voir mieux le sujet que sur un bout de papier. On ne peut
jamais savoir à l'avance à quoi ressemblera une mission. On va à l'entretien, on écoute et on
voit. Il faut par contre toujours dire qu'on est intéressé, même si c'est pas vrai, c'est mieux
pour l'image d'Intox, après de toutes manières on s'arrange. Aie connnnnfiiiance ! Bon c'est
vrai que c'est un peu loin, d'accord, mais ça va vite avec les transports en commun. C'est
direct depuis Paris ! Ou presque, quoi. Non, il ne faut pas s'inquiéter, on va plutôt préparer
l'entretien pour le réussir. D'abord, il faut sourire, c'est essentiel le sourire, puis ensuite dire
qu'on est motivé, intéressé. Mais attention, hein, il faut le dire explicitement. Il ya des phrases
qui sont importantes à dire et qui sont retenues!
Une parenthèse pour dire combien les commerciaux d'Intox et plus généralement les
commerciaux de SSII prennent pour des cons les chefs de projet ou les acheteurs clients. Ils
croient que la forme peut suffire, et qu'on peut les manipuler avec un peu de mise en scène à
deux balles, du type « il faut qu'on parle ensemble, toi, moi et le client, et il faut qu'on donne
l'impression que c'est une réunion de travail, que tu es déjà dans la boîte » ou bien, pire : « Ce
qui serait bien, c'est que moi je soulève des questions auxquelles tu ne penses pas mais que tu
reprennes la balle au bond et que tu donnes l'impression que c'est toi qui les poses »! Toujours
pour donner l'impression qu'on s'intéresse et qu'on parait au moins autant et même un peu plus
compétent qu'on ne l'est réellement. Même si ces techniques sont ridicules, il faut reconnaître
que c'est le système à la base qui est ridicule et que les SSII essayent de s'y adapter. Les
entretiens pour les débutants, c'est du n'importe quoi. Souvent, les entretiens tout court même.
Bon, on s'entraîne à passer des entretiens blancs avec divers commerciaux à tour de rôle.
Vous vous présentez, on vous conseille. Chacun donne son point de vue et vous arrivez très
vite à des contradictions entre eux. Finalement, c'est un affaire de style et chacun fait comme
il l'entend. De toutes manières, on ne peut pas présumer de la façon dont sera compris le
message par le client. Tout au plus pouvez-vous respecter ce que vous dit le commercial qui
vous emmène en entretien pour lui faire plaisir.
Bon, c'est pas mal. Mais il faut vous faire un cours sur le cycle en V.